Chemisage moteur 125cc 2 temps

On vient de me confier la remise en état d’un cylindre de 125cm3 2 temps
Cela consiste à réaléser le cylindre pour pouvoir y insérer la chemise fournie.
Quelques photos pour imager le soucis premier : comment usiner ?
Sans doute plusieurs solutions ?
Fraiseuse ?
1) brider à plat sur la fraiseuse et travailler à l’outil à aléser ? Mais là, je n’ai pas d’outil carbure qui se monte sur l’outil à aléser pour pouvoir attaquer la couche de Nikasil.
Tour ?
2) réaliser un nez pour brider le cylindre en utilisant les 4 trous sur celui-ci ?
3) bridage sur mandrin 4 mors ?
La difficulté principale (pour moi ) sera de faire tourner rond tout ça et parfaitement perpendiculaire au plan de joint.

Ensuite vient l’usinage à proprement parler…
La chemise possédant un épaulement, il faudra usiner le logement sans reprise. Donc il n’y a qu’une seule possibilité pour le sens de montage.

Et maintenant…. Les tolérances d’usinage !
Quel serrage mettre ?
La chemise est en acier « XXX » et le cylindre en alu « YYY »

Il n’y a pas de joint d’épaisseur entre le cylindre et la culasse. L’étanchéité est réalisée par joints toriques ? Il y a 2 rainures concentriques sur le cylindre.
Le plan sur la culasse ne possède pas de décalage ou de sur épaisseur pour serrer sur la chemise.
Le plan de joint du cylindre ne semble pas avoir non plus de décalage sur la partie centrale.
Donc c’est métal contre métal !?
Beaucoup de questions !!!

Ensuite viendra la mise en place de la chemise

🥶… congelo pour la chemise, four pour le cylindre ? … on positionne la chemise bien en face et au dessus et on lache tout ?

Si quelqu’un a déjà réalisé cette opération ?
Ou à des idées et des remarques … j’attends vos avis, remarques et recommandations avant de démarrer quoi que ce soit
Merci

Bonjour

Concernant l'usinage d'un cylindre de moto, pour moi, la l
meilleure méthode est de réaliser un cimblot (en fait un faux carter de vilebrequin) au tour. Sans demontage, on vient fixer le cylindre sur le cimblot avec les points de fixation d'origine.

Evidemment, ça ne fonctionne bien que si le banc du tour n'est pas usé.

Si on n'a pas un tour correct, on peut envisager un montage comparable réalisé à la tête à aléser sur une fraiseuse. Là aussi, on usine et on ne démonte jamais le cimblot avant la fin de l'usinage du cylindre.

Ici, il faut s'assurer de l'État des glissieres verticales de la fraiseuse. C'est souvent moins critique que dans le cas du tour parce que dans le pire des cas, on obtiendra un cylindre oblique, mais pas un cône.

Autre souci à la fraiseuse : s'il existe du jeu dans les guidages horizontaux, on obtiendra soit un alesage elliptique, soit un alesage quadrilobé. Ces defauts sont inexistants sur un tour en état correct. Ils nuisent au transfert thermique. Surtout le quadrilobé. Dans un tel cas, avant de commencer à usiner le cimblot, il faut bloquer les lardons à fond pour immobiliser completement les mouvements horizontaux.

Il faut par contre une fraiseuse de taille suffisante et une tête à aléser assez rigide. Alors qu'au tour on pouvait utiliser un tres gros barreau porteur d'un grain affuté.

Pour la seconde question, je n'ai pas de reponse precise.

Le serrage doit être suffisant pour que le transfert thermique de la fonte vers l'alliage aluminium-silicium soit suffisant.
Il faut bien avoir conscience que le coefficient de dilatation des alliages aluminium -silicium est à peu près double de celui de la fonte : à chaud, le serrage diminue. Remarque : l'addition d silicium diminue les coefficients de dilatation. Par honsequent les alliages hypersiliciés sont moins sensibles que les autres. Connaitre la nuance exacte setait un plus.

Mais il ne faut pas que la contrainte de frettage fasse eclater la partie en alliage léger.

Les paramètres à prendre en compte sont :

- l'epaisseur residuelle minimale dans la direction radiale
- la resistance minimale à la traction de l'alliage d'aluminium utilisé (dans le doute, on pourra choisir le minimum trouvé dans la litterature. )
- un coefficient de contrainte lié aux singularités (épaulement de la chemise, par exemple.

Je ne connais pas le processus de fabrication de ce cylindre. Mais si j'avais dû le concevoir, j'aurais fait une chemise insérée à la coulée. En effet, au debut du refroidissement, l'aluminium solidifié est encore plastique. Il s'etire sans se rompre. Et la contrainte de frettage n'est obtenue qu'en fin de refroidissement.

En usinant un cylindre froid, on ne bénéficiera pas de cet avantage.

J'ai déjà rechemisé des carters cylinders automobiles. Avec des chemises minces. Tant qu'on n'a pas réalisé des epaulements, on a eu des glissements de chemises à chaud ou des éclatements locaux. C'est un travail très délicat.

Montage des chemises.

Je n'ai jamais monté de chemise de deux temps. Celles de quatre-temps etaient montées à l'azote liquide.
Ça se monte sans aucun effort.

Pour des vérins hydrauliques, on devait orienter les chemises pour les lumieres correspondant aux ports du verin. Là, ça ressemble un peu à une chemise de deux temps.
L'outillage de montage etait en ceramique qui se dilate peu et netransmet pas les calories. Il faut absolument empecher la chemise de se rechauffer tant qu'elle n'est pas en place.
La matiere (ceramique usinable) avait été achetée chez Sceram à Lyon.

Un copain a rechemisé des moteurs de course (historique) sur base Yamaha 350 RD. C'est donc possible. Mais je ne sais pas comment il s'y est pris.

Big one : un outil à aléser musclé pour les cylindres.

Barreau diametre 40 mm



L'outil monté sur le tour qui va bien : Graziano SAG 508.

En photo, on ne se rend pas vraiment compte. La tourelle est du type C, tenue par un ecrou de 38 sur plats, le mandrin un TOS de 400 mm




Avec une plaquette  CBN, le Nikasil (dispersion de carbure de silicium dans une matrice de nickel) fera moins le fier.

Merci vraiment pour cette réponse longue et complète qui aborde toutes les phases de l’opération !
Cette opération est vraiment réservée à un spécialiste de ce type d’usinage 🥶
Je m’en doutais un peu…
Il y a beaucoup trop opérations « sensibles » à réaliser.
Ne serait-ce que le montage sur le tour qui pose déjà problème pour le bridage. Il faut faire une première ébauche du montage au tour, ensuite à la fraiseuse pour la fixation : trous taraudés avec des entre-axes aux côtes tordues, finir au tour les plans de référence et… brider le cylindre….. Et contrôler si ça tourne rond
Et là, on n’a pas fait le tiers du travail !
Ne parlons pas de la mise en place de la chemise !!!
D’ailleurs, à propos de celle-ci, elle est donnée (vendue) brute « acier » et il semblerait logique qu’elle reçoive un traitement Nickasil avant, non ?

Et la dernière opération qui risque d’être une belle surprise, c’est peut-être de retoucher les transferts après rectification.
Certains passages et chanfreins sur l’extérieur de la chemise semblent assez mal se raccorder aux courbes initiales des transferts originaux !

Donc, je vais effectivement faire appel à un atelier qui est spécialisé dans cette opération. Il y en a un a quelques km de chez moi.

En tout cas, merci pour pour tous ces renseignements avec force détails qui permettent, après réflexion, de se replacer à son (tout petit!) niveau d’amateur

Cela évite de faire grosses conn…..

Je pense que personne n’aura perdu son temps sur cette publication !
Elle servira certainement à d’autres entrepreneurs audacieux comme moi

Merci encore

Quelle est la température maximale pouvant être atteinte dans un 125 cc3 a refroidissement liquide ?

Ça dépend du point considéré...

Environ 2000 °C au niveau de la flamme et aux alentours de 115° C au niveau du liquide de refroidissement. 250 °C dans kes gorges de segments.

Et voilà … suffisait de demander
Trop fort TRD

C'est en forgeant qu'on devient fort en jurons.

Mais ce n'est pas en soudant qu'on devient soudannais. "

General Abdel Fattah al-Burhan