Remplacement des roulements sur tour Graziano SAG 508

Bonjour à tous.

Je cherche depuis longtemps la notice du tour Graziano SAG 508, ou SAG 20 aux USA (508 mm = 20 pouces, au dessus du traînard.)  Ce tour de deux mètres d'entrepointes existe aussi en 1,5 m et 2,5 mètres sur certaines versions peut travailler au plateau des pièces courtes jusqu'à 680 mm de diamètre.



Il y a encore beaucoup de SAG 508 ou SAG 20 en service en France et dans le monde. Rien qu'en Rhône Alpes, j'en connais au moins trois autres. Mais il doit probablement y en avoir beaucoup plus car ces machines sont très solides. Sur cette machine, on peut par exemple passer des roues de camion. C'est ma seule machine capable d'usiner des pièces de poids-lourd ou des patatoides de grandes dimensions.

Je n'ai pas pu trouver cette notice malgré une rechercher internationale. Graziano a été racheté par DMG (Deckel Maho Gildemeister) groupe MORI SEIKI et la gamme SAG n'est plus d'actualité. Ces tours n'intéressent plus le fabricant.

Un roulement est devenu bruyant. Je vais devoir démonter la broche.

L'ouverture du capot de la poupée mobile montre que l'architecture est différente de celle des petits SAG 12 et moyens SAG 14 de Graziano. Puisqu'il y a encore beaucoup de gros SAG en service, je vais donc détailler l'opération pour que ceux qui sont confrontés à ce problème puissent se référer à mon travail pour gagner du temps. 

La première difficulté est le démontage du mandrin sans palan. Le mandrin de 400 mm monté en Camlock D1-6 sur le tour pèse environ 150 kg. Il est plus lourd que le grand plateau de 600. Je n'ai plus d'accès avec le chariot élévateur parce que d'autres machines devraient être déplacées pour cela.

De plus ma machine a été carterisée ce qui complique encore la tâche.

Voici la solution simple qui a été mise en oeuvre.



Suite un peu plus tard.

Suite du démontage

Nettoyage des deux extrémités de broche qui etaient couvertes par vingt-deux ans de crasse. Pour la petite histoire ce tour a été déposé par une grue sur une dalle en béton et j'ai construit l'atelier autour.




Et démontage du couvercle supérieur





Remarquez la grosse roue dentée juste devant le roulement côté mandrin. Son diamètre est supérieur à celui du roulement. Il va donc falloir tout démonter en commençant par le côté des quatre courroies d'entraînement.


Repérage de la position du couvercle côté transmission a courroies.




Précaution totalement inutile car les 7 vis ne sont pas équidistantes pour éviter qu'on se trompe, le couvercle disposant d'un larmier interne en partie basse.

Dépose du couvercle.




Dépose du jonc d'arrêt de l'écrou du roulement arriere (diamètre intérieur 80 mm.)




Dépose de la vis pointeau du frein d'écrou en bronze.




Première tentative de desserrage de l'écrou du roulement arriere a l'aide d'une clé Facom modifiée avec des embouts de 8 mm tailles dans des vis classe 12.9.



L'écrou ne bouge pas.

Seconde tentative avec un tube d'un metre cinquante pour  augmenter le bras de levier.



L'écrou ne bouge pas, mais la clé de tortille méchamment.

Je ne vois pas de trace de colle dans le filet, mais ça ne prouve pas qu'il n'y en aie pas.

Donc fin des travaux pour aujourd'hui. 

Demain, je remonte tout  ce qui a été démonté pour usiner une clé speciale à frapper. Je ne suis pas très inquiet sur l'aptitude de ma clé à desserrer cet écrou récalcitrant parce qu'elle couvrira l'écrou sur 360 degrés et qu'elle aura une épaisseur de 25 mm au rayon. Évidemment je ne me vois pas usiner une douille de 160 mm en acier mi-dur sur mon autre tour. Il n'est pas assez costaud pour ça. Ça prendrait des heures.

Par contre, c'est l'écrou du roulement intermediaire à rouleaux cylindriques qui m'inquiète sérieusement. S'il est aussi difficile à débloquer que celui du roulement arriere, je vois mal une clé à fourche y parvenir. Et là pas moyen de me servir de ma douille de 160.  EtEt  second écrou est devant un roulement plus gros. Son diamètre intérieur mesure 90 mm. Je dois pourtant l'enlever pour sortir le grand pignon qui n'a aucune chance de passer par l'alésage du (ou des) roulements situés derrière le mandrin. Pour ceux-là, l'écrou semble si peu accessible que j'ai l'espoir de sortir la broche avec les derniers roulements par l'avant pour pouvoir démonter le reste à l'établi.

Un gros bac de copeaux plus tard, la clé à frapper est réalisée. 





Les doigts sont réalisés dans des vis classe 12.9

Première tentative.

J'ai remonté le mandrin de 400 pour usiner la clé et je l'ai laissé pour donner de l'inertie à la broche.



L'écrou dans la clé




Le voilà sur l'etabli, c'est quand même pas un petit écrou M80 qui va m'embêter très longtemps.








Mais peut-être son collègue M90 bien moins accessible...

On verra ça plus tard. L'atelier est en vrac. Un peu de nettoyage s'impose.

Le second écrou a un diamètre extérieur de 132 mm, mais le montage est identique à celui du premier : vis de pression sur plaquette bronze et jonc de sécurité. Ce qui change, c'est l'impossibilité d'accéder avec un outil en forme de douille.

La clé a ergots FACOM 116 n'est pas assez grosse pour un écrou de 132. Fabriquer une clé plus grosse avec un serre-joint a pompe doit être possible, mais il faudrait déporter les ergots car l'écrou est très proche du palier. Je tente une expérience en réalisant un outil simple qui ne devrait fonctionner que si l'écrou est modérément bloqué.

La clé est constituée du manche de la première clé avec un ergot taillé dans un éjecteur de moule de fonderie de 8 mm.

Un plat permet le montage de la clé à ras du palier.




Pour ne pas risquer de casser l'ergot dans l'écrou, j'abandonne mon gros marteau alias "La douceur" pour utiliser un "casse-noisette" : un petit marteau rivoir.

Un point blanc est tracé au niveau de la clé pour apprécier la rotation de l'écrou.

L'écrou se débloque au premier coup asséné sur l'outil.





Il ne doit plus rester à debloquer que l'écrou du ou des roulements
avant de broche.

Pour celui-ci, je vais devoir concevoir un outil différent. En effet, l'outil droit n'est pas utilisable parce que l'écrou n'est pas en dessous du trou du couvercle. 




Je crains que cet écrou soit très fortement bloqué parce que les roulements avant sont ceux qui encaissent les plus grands efforts de service.

Mais, je vais changer de stratégie. Je fais l'hypothèse que le bloc roulements avant pourrait s'extraire par l'avant sans déblocage de l'écrou. 

Cette hypothèse n'est à mon avis pas complétement farfelue parce que j'ai un peu de mal à imaginer l'outillage qui aurait servi à bloquer ce troisième écrou avec la broche dans dans la poupée fixe.


Donc, je vais démonter le mandrin et la flasque avant pour vérifier cette hypothèse.

A suivre..

Bonjour

Super cette remise en état.
Un petit message d'encouragement pour la suite.

Cordialement.
H2P

Merci H2P

Finalement la broche ne sort pas quand on enlève les vis du couvercle avant du carter. 

Je n'ai pas pu déterminer s'il y a un obstacle ou si c'est le serrage des roulements qui empêche le démontage.

Donc, je suis revenu sur ma stratégie et j'ai décidé de démonter le dernier écrou de roulement dans la machine.

La première chose à faire est de déposer le tuyau du circuit de lubrification sous pression du palier avant.



Pas de difficulté particulière, mais attention, les écrous font 9/16 sur plats. Aucun souci pour moi, j'ai tout l'outillage necessaire en dimensions impériales.

Puis dépose du jonc et de la vis d'arrêt comme sur les autres écrous. Mais ici, il faut une clé Allen modifiée à cause du manque d'accès.

Ensuite réalisation d'un outil spécifique. Je n'ai pas pu acheter la matière nécessaire (diamètre 180 x40) pour cause de confinement. J'ai donc choisi de réaliser un outil mecanosoudé faute de pouvoir en tailler un dans la masse. Tout a été récupéré dans des chutes qui traînaient au fond de mon atelier.

Pour pouvoir monter dans trop de difficulté mon outil, il n'a qu'un seul ergot. J'espère que l'écrou ne sera pas trop serré et qu'un seul ergot suffira. L'installation d'un second ergot serait très difficile.



Cette clé n'est conçue que pour desserrer. Il en faudra une autre  symetrique .pour resserrer.

C'est aussi une clé à frapper, mais l'espace disponible est particulièrement restreint.

La clé en place sur l'écrou.




Il va falloir remonter le mandrin pour donner de l'inertie à la broche. Je ferai ça demain avant de tenter le desserrage avec cette clé rudimentaire.

Bonjour

Ingénieux cette astuce. Il est peut être possible de souder (ou pointer) un burin sur la pièce fabriquer selon un axe tangent permettant de le débloquer avec un coup de marteau.

Vivement la suite
Cordialement
H2P

Bonjour

Le U est là pour qu'on puisse taper dessus avec un marteau et un rondin d'acier.

Mais, la nuit porte conseil et je me suis demandé si mon interprétation était la bonne. Il y a un détail qui m'embête. La roue dentée doit être clavetée. La clavette doit forcément dépasser de l'arbre. Si on ne l'enlève pas avant, l'écrou des roulements avant va entrer en interférence avec la clavette lors du dévissage.

Donc, ma première idée devait être là bonne. La broche doit sortir par l'avant sans déblocage de l'écrou. Ce n'est probablement pas un obstacle qui empêche le démontage, mais l'adhérence des roulements.

D'ailleurs, les Italiens sont de trop bons mécaniciens pour avoir conçu un montage aussi mal fichu qu'un écrou quasiment inaccessible. Franchement, venant d'eux ce serait difficile à croire. Et puis même s'il y a des différences importantes, les broches des petits Graziano sortent par l'avant. Et j'ai lu sur un site anglais que les roulements du gros modèle sont du même type que ceux des petits (mais plus gros.)

Hier j'ai fabriqué un extracteur. C'est très handicapant de n'avoir plus ce tour en service pour le realiser. L'autre tour a des capacités nettement plus limités. J'ai perdu beaucoup de temps à cause de ça.

 Il me faut maintenant des écrous de 20 et je n'en ai plus qu'un. La quincaillerie est fermée pour cause de macronade. Il faut que je trouve un moyen de m'en procurer pour pouvoir avancer.

Avant d'essayer mon extracteur, j'ai fait une tentative de deblocage de l'écrou du roulement avant avec mon outil mecanosoudé.



Premier essai réussi.

Ensuite, j'ai monté mon extracteur avec des cales d'appui en bois.

Partie arrière du tirant qui tire la broche vers l'avant. Écrou de 20 rondelle épaulée de 79.




Partie avant qui tire sur le tirant avec ses cales d'appui en bois.




Premier essai raté. La cale en bois a éclaté sous un effort que j'estime au moins a 5 tonnes.

Second essai avec des cales en acier. Raté également. Je pense avoir appliqué au moins10 tonnes, Et probablemement plus de 15 tonnes.

Il doit y avoir un obstacle. Et même deux. En effet, si l'arbre ne peut pas coulisser dans le roulement, alors le roulement avant devrait coulisser dans la poupée fixe. Or rien ne bouge. J'ai mesuré moins d'un millimètre de déplacement.

Donc, j'ai avancé un peu, mais j'ai du oublier quelque chose.

Demain, je demontetai le nez de broche pour voir s'il y a un obstacle qui bloque la cage exterieure du roulement.

Et si ça ne sort toujours pas, il faudra peut être employer les grands moyens : refroidir la broche à l'azote liquide. 

Mais même si j'ai un peu d'expérience dans ce domaine, ça me fait un peu peur. C'est une manoeuvre dangereuse sur de petites pièces. Alors sur une broche de gros tour...

Je me souviens de ma plus grosse extraction à la presse. Un pignon de boîte à vitesse de R5 Maxi groupe B. Il avait fallu une presse de 100 tonnes à la puissance maxi pour l'extraire. Quand le pignon est sorti de l'arbre j'ai cru qu'il y avait eu une explosion dans l'atelier... Pourtant, ce pignon, je l'avais fretté à 240 degrés sans le moindre effort trois ans plus tôt. La thermomecanique, est un outil puissant !

La nuit porte conseil...