Déclin de la construction de machines-outils française

Et si notre vision d'une ancienne  industrie de fabrication de machine outils française rayonnante n'était  que celle de la partie visible d'un iceberg ? 

J'ai trouvé un long article qui semble montrer que notre industrie de production de MO n'a jamais vraiment été en mesure de rivaliser avec celle d'Allemagne et encore moins celle des États-Unis. 

https://www.persee.fr/doc/geoca_0035-113x_1961_num_36_1_1700

date de l'article , 1961 ? si j'ai bien vu

Oui à peu près. 

Ça prouve bien que notre industrie n'a jamais été à la pointe en termes de ventes et d'organisation. Pourtant nous avions vraiment de tres bonnes machines. Mais plus cheres que celles des concurrents. GSP, Gendron, Bliss, Ernault Somua, Huré, Vernier, Lip, Dufour, tout ça a disparu parce que malgré des qualités indeniables c'etait souvent plus cher que des machines qui venaient de plus loin. Et surtout nous avions des délais de livraison interminables. Des machines, j'en ai acheté quand j'etais dans l'industrie. Une fois le budget affecté par la direction, la machine on la veut rapidement. 

Les meilleurs ouvriers de l'industrie de la MO ont souvent été "pompés" par l'industrie automobile. C'est aussi dommage pour eux parce qu'il vaut mieux être quelqu'un dans une petite boite qu'un numéro chez un grand constructeur. J'ai aussi connu une epoque où un bon outilleur voyait son salaire augmenter en devenant chef d'equipe sur une chaine de montage sans âme. Beaucoup ont echangé un beau métier contre de la gestion de personnel aigri qui n'aimait pas le boulot insipide qu'on lui avait confié. D'autres sont partis, par exemple seulement 40 % de l'effectif de Billancourt a accepté de suivre Gambin à Viuz en Sallaz. 

Sincerement, je n'echangerais pas dix ans de vie en Haute-Savoie contre douze en region parisienne. Mais d'autres ont preféré rester dans une region où j'ai vécu un an d'enfer.

sur des machines d'un format supérieur (et pas qu'un peu ) on est pas si mal que ça mais les machines se font sur demande et a l'unité
malheureusement c'est aussi et souvent pour livrer a l’étranger

Les ....... ouvriers de l'industrie de la MO ont souvent été "pompés" par l'industrie automobile.

l'inverse est vrais aussi pour les BE avec l'idée d'utiliser les "techniques auto " de production en série à des production actuellement plus réduites

C'est vrai. Mais c'est surtout les qualiticiens autrefois inexistants dans le milieu de la MO qui sont venus de l'industrie auto où les services qualité existaient depuis des dizaines d'années. D'abord, il y a eu les services qualité fabrication qui faisaient appliquer les consignes des services methodes et etudes. Ensuite, sont arrivés les services qualité conception avec les normes ISO 9000.

Le problème, c'est qu'en déresponsabilisant les concepteurs on a souvent fait fuir les passionnés. Plus de passionné, moins d'innovation... Ou carrément de la "pacotillisation" des produits avec des gadgets inutiles sur des machines de pietre qualité. 

Iso 9000 = Dire ce que l'on veut faire, faire ce qu'on a dit. 

==> Je veux faire de la merde. Je fais de la merde. Je suis certifié ISO 9000 ! 

Apres 20 ans dans un sercice Productivité et Organisation generale, ces 15 dernières années, j'étais dans l'automobile. Il y a seulement un dessinateur sur dix qui a déjà déposé une culasse, peut-être un sur quatre qui n'a jamais démonté un pédalier de vélo et moins d'un sur vingt qui sait utiliser correctement une machine-outil. 

Pire que ça, la plupart des dessinateurs ne font pas partie du bureau d'etudes, mais travaillent pour un negrier qui les loue à l'entreprise utilisatrice. Le turnover est enorme. Il ''y a quasiment plus de capitalisation d'experience. Meme les patrons de bureaux d'etudes ne connaissent rien aux materiaux et aux procédés de fabrication. Ça devient un cauchemar de travailler avec de purs gestionnaires qui n'aiment pas la mecanique.

Il est bien loin le temps où les patrons de BE passaient derriere les planches à dessin et demandaient pourquoi on avait choisi une profondeur de cementation de tant où une rugosité  telle que spécifiée...

Apres 20 ans dans un sercice Productivité et Organisation generale, ces 15 dernières années, j'étais dans l'automobile. Il y a seulement un dessinateur sur dix qui a déjà déposé une culasse, peut-être un sur quatre qui n'a jamais démonté un pédalier de vélo et moins d'un sur vingt qui sait utiliser correctement une machine-outil.

Pire que ça, la plupart des dessinateurs ne font pas partie du bureau d'etudes, mais travaillent pour un negrier qui les loue à l'entreprise utilisatrice. Le turnover est enorme. Il ''y a quasiment plus de capitalisation d'experience. Meme les patrons de bureaux d'etudes ne connaissent rien aux materiaux et aux procédés de fabrication. Ça devient un cauchemar de travailler avec de purs gestionnaires qui n'aiment pas la mecanique.

Il est bien loin le temps où les patrons de BE passaient derriere les planches à dessin et demandaient pourquoi on avait choisi une profondeur de cementation de tant où une rugosité  telle que spécifiée...

1000 fois d'accord avec toi , nous avons le meme age et je suis bien placer pour le savoir , dans le passe , on aurait pas employer en BE un type qui n'aurais pas eut une experience d'atelier , la progresseion , c'etait souvent CAP de mecanique , CAP dessin , brevet de de dessin et ainsi de suite avec un passage part l'atelier , a une epoque , renault part exemple imposait a ces dessinateurs un passage atelier , pour ma part j'aie bosser dans l'automobile et j'aie ete plus de 15 ans chef de BE en machines speciales , tous les dessinateurs avaient touche aux manivelles et puis ca c'est degrade , j'aie eut des BTS bureau etude qui n'avaient que tres peu de notion en usinage , j'etais obliger de tout verifier avant de laisser partir des plans en atelier , quand ils mettaient un taraudage M3 sur des pieces qui acceptait M4 voir M 5 je leur disait de se mettre a l'etabli pour le realiser et juger de la difference , quand aux cotation avec un point de depart dans l'espace , je n'en parle pas ...
En fin de carriere j'aie travailler comme technicien pour une societe de distribution d'outillage , un jours des profs censes former des TS mecanique m'ont appeller pour un probleme d'usinage , ils ne savait pas quelle etait la meilleur methode pour realiser un alesage sur une piece assez simple ..... ca relevait du niveau CAP mecanique 2 eme annee !! ceci explique cela et quand il m'arrive , tres rarement de mettre les mains dans un moteur je me dis que si le concepteur avait mis les mains dans le cambouis au moins une fois dans sa vie , on aurait de toute evidence des interventions plus faciles ..

Brenne a écrit:je me dis que si le concepteur avait mis les mains dans le cambouis au moins une fois dans sa vie , on aurait de toute evidence des interventions plus faciles ..

Salut Brenne,

Pas sûr, c'est justement le but rechercher...passer 2 heures pour remplacer une ampoule...c'est quand même bien réfléchi

Faut pas prendre les concepteurs et dessin-eux pour des neuneux.

@ +

Mon brise-copeaux préféré, tu n'as pas dû aller dans un bureau d'etudes depuis quelques années.  Ça a bien changé.

Surtout n'y vas pas. Depuis que la majorité des patrons de bureau sont des guignols, les bons techniciens finissent par changer de job completement degoutés.

Avant, il fallait : que ça fonctionne, que ce soit realisable, que ça dure, que ce soit pas trop long à produire et que ce soit pas trop cher. Au bureau, on entendait voler les mouches. Plus exactement, c'etait les machines de l'atelier derrière le mur qu'on entendait. Et si on avait oublié une cote, le gars qui usinait debarquait pour demander des precisions.

Maintenant, il faut que ce soit moins cher, que ce soit livré hier. Le reste c'est du temps perdu...  Mais maintenant, il y a de la musique sur Youtube qui tourne en tache de fond derrière Catia V5. Tout le burlingue en profite. Et le glandu qui dirige ce souk n'y voit rien à redire...  Quand au mecano. personne ne le connait vu qu'on lui envoie un fichier numerisé par Internet...

Les dernieres annees où je travaillais dans un BE, mon chef me reprochait d'expliquer au jeunes pourquoi il valhait mieux faire ci ou ça au lieu de leur chier des solutions toutes faites...

Tous les bons techniciens et ingenieurs se sont barrés. Il n'est resté que des gamins même pas capables de calculer une chaine de cotes. Et je suis bien d'accord sur les cotes qui partent de nulle part. Par exemple au pied d'un congé de raccordement.

Tu te vois en train de faire ce genre de pièce ?

Bon courage monsieur le metrologue...

Oui bien sur ça fait longtemps que j'ai mis les pieds dans un BE...ça fait 19 ans que je suis en retraite...oui oui je l'ai pris tôt.

J'ai travaille pour l'armé, c'est pas triste non plus avec des trucs archis débiles. Du genre coté un chanfrein d'entrée de filetage par exemple, pendant tout le long de la fabrication et usinage des pièces tu te coltines deux soit disant ingénieur de l'armé en permanence sur le dos...tous tes faits et gestes sont notés.
Si tu remarque un truc bizarre sur un plans et que tu signales...bah la machine "tour ou fraiseuse" est bloquée pendant 3 jours pour modif du plan...en plus la perte de temps n'est pas payer...c'est pour l'état...pas con c'est nous qui payons.
Il m'ont fait une remontrance par ce que je ne respecter pas la procédure d'usinage sur un chanfrein...car j'avais incliné ma tourelle tourner au pif a 30°...il aurait fallu que je change d'outil et mettre un de 30° de coupe.

Quand tu vois ce genre de topo et cette ambiance c'est pas étonnant le déclin de l'industrie en France.

@ +

J'ai connu ça, l'époque où au lieu de profiter de l'experience des gars de 55 ans pour former les jeunes, on a préféré les payer 80 % de leur salaire pour qu'ils restent chez eux. On appelait ça convention FNE.

Au moins chez eux ils ne risquaient pas de critiquer les décisions arbitraires d'une hierarchie qui commençait à être légèrement déconnectée.

Mais depuis on a fait mieux. On a mis à la tête des bureaux et des ateliers des diplômés sans aucune expérience. Au moins ceux-ci ne risquent pas de discuter les décisions stupides des comités de direction composés de glandus sortis d'eco'es de management ou de commerce. Ceux-ci, on ne les voit jamais dans les ateliers "où ça sent bon le lubrifiant et les produits chiants. " Dixit Starshooter avec un son d'une autre epoque.