[résolu]Renovation Degauchisseuse Guilliet 410

Bonjour à tous

Je viens de rentrer une dégauchisseuse Guilliet 410 très ancienne. Malgré son âge, elle dispose d'un arbre à quatre fers. C'est la première fois que je vois une machine aussi ancienne avec un arbre de ce type. A tel point que je me demande s'il est d'origine. Le menuisier qui me l'a vendue l'avait achetée d'occasion dans son état actuel.

La machine est encore dans mon camion. Elle dispose de très longues tables. c'est ce que je recherchais et c'est parce que le vendeur change d'atelier pour un plus petit qu'il l'a mise en vente.

La machine a une longueur de 2,45 metres.





Vendue fonctionnelle, elle va subir une bonne rénovation. Les levres autour de l'arbre accusent le poids des ans et les stigmates de quelques accidents de parcours.



A l'origine, cette machine devait être entrainée par un moteur externe, comme c'était souvent le cas avant 1945. Elle dispose d'un moteur qui a été ajouté.




Mais c'est du bricolage pour ne pas dire de la mécanique de maçon... Le dispositif de tension de courroie est presque ce qui se fait de mieux dans le domaine de boulot de sagouin... Ames sensibles, je décline toute responsabilité si vous poursuivez.



Je vous aurai prévenu...

Beurk !



Est-il utile de préciser que ce support-moteur en contreplaqué avec poussoir dégueu vont passer rapidement à la poubelle pour laisser la place à une platine propre avec tendeur correct et un carter sur les courroies ?

Le support du protecteur de lame est aussi cassé et le protecteur perdu.

Je vais aussi refaire toute l'electricité qui doit dater des années 80 et est donc complètement obsolète.


Pour l'instant, j'attends de la main d'oeuvre pour m'aider à décharger le camion. Mais j'ai aussi beaucoup d'autres chantiers à terminer avant d'attaquer cette rénovation. Une fois cette machine terminée, je mettrai en vente ma dégauchisseuse actuelle. Une autre 410, mais avec seulement deux fers.

Le dispositif de tension de courroie est presque ce qui se fait de mieux dans le domaine de boulot de sagouin...

Sur certaines machines c'est le poids du moteur qui assure la tension courroie !!!

La société Guilliet a été fondée en 1847.

Cette Guilliet a un air de famille prononcé avec les modèles de la marque du catalogue de 1914. Extrait du catalogue téléchargeable sur ce forum.



Mais la fonderie est légèrement différente, les cotes des tables différentes et le mode de fixation des fers sur l'arbre l'est aussi. Celle que j'ai achetée et mon autre dégauchisseuse ont des fixations de fers à coin. Les modèles 1914 avaient des fixations à bride.



De plus, les modèles d'avant la guerre de 14 n'avaient que deux fers.

Je me suis gravement blessé il y a vingt-deux ans avec avec une raboteuse qui avait un arbre à brides. Une lame a été éjectée alors que la machine tournait à vide. J'ai pris des éclats d'acier trempé sur la main droite. J'ai juste ressenti un coup de fouet avant de m'apercevoir que le sang coulait à flots et que ma main ne bougeait plus.  J'ai bien cru que j'avais définitivement perdu l'usage de ma main.

Tous les tendons étaient coupés. 5 heures d'opération à l'hopital d'Annonay. C'est un petit hôpital. Le toubib a fait du super boulot.
Et il y a des T.D.C. qui voudraient fermer les hôpitaux de campagne ? Amenez-m'en un, je vais le dégauchir...

Je ne veux plus jamais utiliser une machine équipée de ce type d'arbre que je juge trop dangereux. Si j'avais pris la lame dans le cou, c'était fini en deux minutes.

Je ne veux plus jamais utiliser une machine équipée de ce type d'arbre que je juge trop dangereux. Si j'avais pris la lame dans le cou, c'était fini en deux minutes.

Il y a 54 ans au collège technique de Valence en cours d'usinage de la fraiseuse a coté de celle ou je travaillais , une dent de tourteau s'est cassée
elle m'est passé a 50 cm de la tête pour aller transpercer la porte métallique du vestiaire a quelques mètres de là .
Une balle de fusil de gros calibre a traversé l'atelier ce jour là .

BEROLA a écrit:Je ne veux plus jamais utiliser une machine équipée de ce type d'arbre que je juge trop dangereux. Si j'avais pris la lame dans le cou, c'était fini en deux minutes.

Il y a 54 ans au collège technique de Valence en cours d'usinage  de la fraiseuse a coté de celle ou je travaillais , une dent de tourteau  s'est cassée
elle m'est passé a 50 cm de  la tête pour aller transpercer la porte métallique du vestiaire  a quelques mètres de là .
Une balle de fusil de gros calibre a traversé l'atelier ce jour là .
 

Pour le port du masque casque...

je ne sais pas si un casque aurait suffi .
Ce n'était pas mon heure ........

Apparemment, je ne suis pas le seul a avoir une aversion pour les arbres de degauchisseuse a brides puisque la loi française les a interdits depuis 1948, tout comme les arbres qui ne sont pas cylindriques. C'est ce qu'indique la notice de l'INRS

Ici

Mais il reste des centaines d'amateurs et je connais aussi quelques professionnels qui en utilisent encore. En tout cas apres mon accident, je n'en veux pour rien au monde.

J'ai un peu avancé sur ces degauchisseuses anciennes Guilliet. Elles existaient en tables "normales", longues de plus de deux metres (longueurs suivant largeur de rabotage), et en version "légère" avec des tables reduites à 1,60 metre. Il en reste beaucoup à vendre dans les petites annonces. Ces machines sont indestructibles. Et il y a eu aussi de tous petits modeles, mais il ne semble plus y en avoir sur le marché de l'occasion. . Les batis des gros modeles et ceux des modeles " legers" semblent differents mais tous sont en fonte ce qui n'est pas le cas de mon ancienne degauchisseuse qui a un bati en corniere d'acier. Elle est d'ailleurs plus moderne et son arbre est monté sur roulements à bille alors que la Guilliet a encore semble t-il de robustes paliers en bronze.

Mon ancienne degau, c'est un modele qui etait assez repandu dans la region de Lyon. Quand j'etais gamin, de nombreux menuisiers en avaient. J'ai oublié la marque. Mon grand-pere l'avait achetee neuve, aux alentours de 1950, mais je ne sais plus où j'ai mis la facture. Mon ancienne machine pese moins de 200 kg. Je la deplacais seul en la trainant par terre. Alors que la Guilliet doit depasser 400 et ne risque pas de s'envoler...  A mon avis cette Guilliet pourrait dater aussi des annees 50 d'apres le type de graisseurs qui l'equipent. Mais son architecture est tres proche de celle des Guilliet de 1914.

Toutes ces machines anciennes sont trop basses pour moi. Elles conviendraient bien pour des gars de 1,65 metre, mais avec presque 25 cm de plus, ça ne me va pas du tout. J'avais surélevé ma lyonnaise, je ferai la meme chose pour la Guillet. D'ailleurs les 3/4 de mes machines sont surelevees. La population française a du gagner 20 cm. en un siècle...

Un petit trou dans mon emploi du temps, le temps que le décapant que je viens de mettre sur des portes en chène vernies agisse. J'en profite pour démonter le chapeau du palier avant dont la partie servant de support de protecteur de lame est cassée.

Une Guillet en vente sur petites annonces avec un chapeau en bon état.



Jolie table d'opération, non ?

Mon chapeau cassé sur la fraiseuse.



Le même après surfaçage.



La bonne nouvelle, c'est qu'en fait, il y a des roulements à billes dans les paliers.



Et c'est du balèze : 6406 =  30 x 90 x 23. Charge dynamique 4,3 tonnes (par roulement), vitesse maxi 11 000 tours/minute. On ne chinoisait pas chez Guilliet.

Bon état ou pas, ils vont partir à la ferraille pour être remplacés par des roulements étanches.  Les nouveaux sont commandés. ça évitera d'avoir à graisser.

J'ai attaqué pas mal de chantiers sur la degau.

D'abord le protecteur de lame. Je suis en train de faire une copie du modele Suvamatic



Le mien est en acier de 4mm d'epaisseur guidé verticalement sur arbres Star et douilles à billes de 20.



Je l'ai essayé. Le mouvement vertical fonctionne tres bien. Pour le mouvement horizontal, j'ai commandé une glissiere prismatique.

Ensuite, je me suis attaqué aux levres de la table. Apres avoir demonté les pieces d'origine dont les vis à fente etaient bien grippees, j'ai décidé de faire des pièces neuves en etiré plutôt que d'essayer de retoucher les pieces d'origine.

Mes nouvelles pieces seront d'architecture plus moderne avec des fentes anti-bruit,  comme dans le modele ci-dessous.



L'arbre d'une degauchisseuse provoque un bruit de sirene en entrainant de l'air tournant à ras des levres de table. Ces fentes sont destinees à diminuer le bruit en provoquant des fuites d'air.

Helas, elle n'ont qu'une action sur le bruit à vide. Quand une piece est en cours d'usinage, le bruit dû a l'action des lames sur la piece reste important.

L'etiré a été commandé hier. La visserie sera remplacee par des FHc plus modernes et plus faciles à demonter.

Au passage, le dessus des tables a été renové.

Le guide a été desassemblé (au chalumeau...) reusiné à la fraiseuse, realesé et repeint.

Pour cette operation, j'ai utilisé toute la course du longitudinal de la FV3S : le guide mesure un metre. Il est réalisé dans une fonte tres dure.




Son arbre tout oxydé et champignonné, probablement par des coups de  marteau a été repris au tour.



Il est pret à recevoir le guide des que la peinture sera seche.



Le support-moteur a été démonté. Il avait un jeu de plusieurs centimetres. Ecrous perdus, axe bouffé, trous ovalises. Je me demande comment ce bazar fonctionnait.

Petite surprise au niveau de la poulie du moteur.



Tant qu'à faire du travail de cochon, l'ancien proprietaire à fait dans le cochon fermier... Le moyeu amovible de la poulie a été monté avec une clavette trop grosse, donc serré sur la clavette. Et cassé au serrage.

Quelle connerie ! Un moyeu amovible correctement mis en oeuvre n'a pas besoin de clavette. Du coup, tout est a refaire.

La premiere couche de peinture sur  la poulie est en train de secher.




L'assise du moteur en contreplaqué degoutant à été demontee. Les vis etaient de travers car les entraxes des trous ne correspondaient pas  à ceux du moteur.




Une nouvelle assise en alliage d'aluminium de 20 millimetres de recuperation remplace la piece en dégueulium massif. Elle est équipé d'une double butee de reglage fin de tension et alignement des courroies.



Les bras d'articulation et l'axe sont trop endommages pour etre reutilises. On verra ça bientôt.

Les pieces commandees arrivent à la vitesse d'un escargot suisse qui aurait oublié de desserrer son frein à main.

En attendant de recevoir la matiere pour usiner quelques pieces neuves, montage à blanc avec une seule courroie du nouveau tirant de tension de courroies sur le nouveau support du moteur qui n'est pas dans sa position definitive sur l'axe y de la machine. L'etiré que j'ai commandé pour faire un axe neuf n'est pas encore arrivé.

Le tirant est équipé de deux rotules Unibal M14 recuperees sur une voiture de course. Il remplace avantageusement la tige filetee tordue qui poussait tant bien que mal le contreplaqué percé de travers.



Le pre-reglage se fait en deplaçant la bague sur le tube qui est percé de 4 trous par pas de 10 mm. Pour le reglage fin, il suffit de tourner le tube ce qui visse ou devisse l'Unibal inferieure. Une fois le contre-ecrou inferieur bloqué, le reglage est fixe.

On voit sur la photo le nouveau moyeu de la poulie. Le moyeu conique d'origine etait cassé et il avait tellement battu qu'il presentait une ovalisation de trois dixiemes !

Ça devait faire un sacré concert de casseroles ! Pourtant je n'ai pas remarqué que le vendeur soit completement sourd...

Maintenant, tout est parfaitement rigide.

Les gros roulements etanches viennent d'arriver.
Je vais attaquer l'arbre porte-outil avant de m'occuper d'un carter de courroies efficace.